TDM1 : Nanotransporteur à double action

La vectorisation ou internalisation de molécules actives est un concept développé dès 1906 par Paul Ehlrich qui postule que si une molécule peut cibler un tissu ou un organe malade, alors une toxine peut lui être associée afin de traiter ce même tissu ou organe de façon sélective. Aujourd’hui, plusieurs types de vecteurs ont été développés : moléculaires, macromoléculaires ou nanoparticulaires.      

Roche présente à l’ASCO les résultats de son essai EMILIA dans le cancer du sein HER2+ avec le T-DM1. Le T-DM1 est composé du trastuzumab (Herceptin®), d’un linker et de l’emtansine, un produit trop toxique pour être utilisé en chimiothérapie.  

Sur le T-DM1, le trastuzumab joue à la fois le rôle de vecteur en se liant sur les protéines membranaires HER2 et garde aussi son action de blocage du récepteur HER2. Après internalisation du complexe dans la cellule cancéreuse, le linker est hydrolysé dans le lysosome et l’emtansine est libérée. Le T-DM1 est donc équivalent à une bithérapie.

Roche avec le T-DM1 semble avoir trouvé un cocktail gagnant car la SSP (survie sans progression) de l’étude EMILIA est significativement supérieur au comparateur lapatinib (Tykerb®) plus capecitabine (Xeloda®). Les effets secondaires ont également été moins nombreux et aucune des femmes traitées par T-DM1 n’a perdu ses cheveux.

En attendant la confirmation des résultats de SSP sur la SG (survie globale), il est à noter que Roche semble confiant dans la réussite de cette molécule car les études ont été lancées en blitz dans le cancer du sein HER2+ :

- première ligne de traitement (étude MARIANNE)

- deuxième ligne de traitement (étude EMILIA)

- troisième ligne de traitement (étude TH3RESA).   

En conclusion, si les résultats se confirment, le T-DM1 s’imposera comme gold standard dans le traitement du cancer du sein HER2+ dans les prochaines années.

Le concept de vectorisation quant à lui fleuri chez ImmunoGen Inc car un autre vecteur est développé et testé dans le cancer du poumon à petite cellule et dans le myélome multiple : lorvotuzumab + mertansine.